Gordon Sparling (1900-1994)

Gordon Sparling apprend son métier à l’Ontario Government Motion Picture Bureau (de 1924 à 1927) et aux États-Unis. Il rentre au Canada en 1931 pour mettre sur pied le service de production cinématographique d’Associated Screen News (ASN), dont les laboratoires sont situés à Montréal. ASN lance alors les « Canadian Cameo », une série de courts métrages d’allure documentaire tournée en 35 mm destinée à être diffusée dans les salles commerciales du Canada. Devant la popularité de la série, ASN doit construire en 1935 des studios de tournage et de son. En plus de son rôle de producteur, Sparling assume souvent celui de réalisateur. Ses meilleurs films mélangent documentaire, mise en scène et expérimentation, et abordent les sujets les plus divers. Son chef-d’œuvre demeure Rhapsody in Two Languages (1934), une vision poétique et originale du bilinguisme montréalais. Se détachent aussi du nombre House in Order/La Maison en ordre (1936) et Ballet of the Mermaids (1938).

Pendant la guerre, il tourne en Angleterre, puis revient chez ASN à la fin du conflit. Il y est actif jusqu’à la fermeture du studio en 1957. Profitant de l’arrivée de l’ONF à Montréal, il y travaille jusqu’en 1966. Si l’on se dit que les rares cinéastes canadiens-français de talent œuvrent à l’ONF, jusque-là situé à Ottawa, il n’est pas exagéré d’affirmer que Sparling est vraiment le réalisateur le plus imaginatif et le plus professionnel qu’ait connu le Québec entre 1930 et 1952. Son œuvre ne possède pas l’amateurisme sympathique de notre cinéma artisanal — qui ne bénéficie pas, évidemment, des mêmes moyens. La série « Canadian Cameo » est la plus importante de la production des années 1930 et compte quelques-uns des rares classiques de cette période, grâce au talent de Sparling. Ce pionnier compte près de 200 films à son actif au cours de son impressionnante carrière.