Maria Chapdelaine

Du roman au film : Maria Chapdelaine
Maria Chapdelaine
, l’œuvre de Louis Hémon, est d’abord publiée en feuilleton dans un journal parisien en 1914, puis sous forme de roman au Québec en 1916. Sa réputation grandit et en quelques années il devient un immense succès de librairie dans le monde francophone. Son succès devient mondial lorsqu’il est traduit en anglais cinq ans plus tard. En 1934, profitant de l’immense popularité du roman, Julien Duvivier l’adapte pour le cinéma. C’est une bonne affaire. Mais le réalisateur français veut aussi faire connaître le Québec et sa culture en France, faire du film un « hommage à la vaillance de la race canadienne-française ».

Un tournage pas facile
À la mi-mars 1934, accompagné de son cameraman, Duvivier vient tourner des scènes d’hiver dans la région de Péribonka. Mais il n’a pas de chance : il ne neige pas et le grand froid gèle souvent la caméra. Du coup, la tempête de neige, élément essentiel du scénario, sera tournée dans un studio parisien. Lors de ce voyage, Duvivier est invité à Montréal par Robert Hurel, le fondateur de France-Film qui distribuera le film.

Quatre mois plus tard, le 12 juillet, Duvivier et sa troupe arrivent à Québec. Ils passent les trois semaines suivantes dans la région de Péribonka pour tourner les scènes extérieures, auxquelles s’ajoutent quelques scènes tournées à Québec et à Montréal. Tous les rôles importants sont tenus par des Français. Madeleine Renaud et Jean Gabin jouent le couple malheureux. Seul Fred Barry, comédien québécois renommé, a un rôle consistant, bien que mineur, ce qui permet de mettre son nom en grosses lettres sur les affiches au Québec.

Les intérieurs sont en bonne partie tournés en France, avec du mobilier qui n’a souvent rien à voir avec celui des habitants du Québec, ce que la critique va lui reprocher.

Une réception enthousiaste
La première québécoise de Maria Chapdelaine a lieu à Québec et à Montréal le 5 janvier 1935. La veille, le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau assiste à l’avant-première en compagnie de diverses personnalités politiques. Le succès d’assistance est immédiat et durable. Les entrées dépassent tout ce qu’un film français a jusqu’alors rapporté au Québec.

Quant à la critique, elle ne manque pas d’enthousiasme. On admire notamment la fidélité du film au roman, le respect de la morale et des croyances catholiques, le patriotisme du curé, les effets dramatiques, la beauté de la nature canadienne, l’utilisation de chansons folkloriques et le jeu de la plupart des comédiens. On souligne par ailleurs que les dialogues manquent parfois de vraisemblance : ils n’ont pas le « génie du terroir ». On se moque gentiment de l’accent des personnages, en plus de déplorer quelques anachronismes et erreurs, comme la cueillette des bleuets dans un champ de marguerites.

Une autre adaptation de Maria Chapdelaine sera tournée (en France et en Grande-Bretagne) par le Français Marc Allégret en 1950. Enfin, Gilles Carle en tourne une première version québécoise en 1983.