Cinéma et religion
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Des paysans s'adonnent à la prière dans Hommage à notre paysannerie (Albert Tessier, 1938).
Source : Cinémathèque québécoise, 1995.6023.PH.02
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Récitation du chapelet dans Cantique du soleil (Albert Tessier, 1935.)
Source : Cinémathèque québécoise, 1995.0686.PH.01
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Le Petit Journal, 17 février 1935, p.17
Source : Bibliothèque et Archives nationale du Québec
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L'Action catholique, 20 novembre 1937, p.23
Source : Bibliothèque et Archives nationale du Québec
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Le Canada, 3 juillet 1936, p.1
Source : Bibliothèque et Archives nationale du Québec
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Le Petit Journal, 13 janvier 1946, p.37
Source : Bibliothèque et Archives nationale du Québec
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L'Action catholique, 23 avril 1945, p.14
Source : Bibliothèque et Archives nationale du Québec
Le cinéma n’est pas qu’école du soir tenue par le diable
Pendant le muet, l’Église catholique du Québec s’oppose au cinéma, cette « école du soir tenue par le diable ». Inlassablement, elle demande que les enfants soient épargnés de ce « fléau ». Après la tragédie du Laurier Palace en 1927, l’Église réussit finalement à convaincre le gouvernement provincial de voter une loi interdisant aux moins de 16 ans l’accès aux salles de cinéma commerciales. De plus, en 1928, elle obtient un durcissement de la censure. Ses directives inspirent alors la nouvelle refonte du code utilisé par les censeurs.
Plusieurs éducateurs québécois n’en reconnaissent pas moins la valeur du cinéma comme outil pédagogique. Beaucoup de clercs et de religieuses se mettent alors à offrir des projections dans les écoles, les salles paroissiales, etc. Ils veulent aussi fournir de « saines distractions » aux enfants. Les films des prêtres artisans y sont les bienvenus. Ce sont avant tout des courts métrages informatifs sur divers sujets, mais bientôt arrivent aussi des versions en 16 mm de films ayant été projetés auparavant dans le réseau commercial.
Informer sur la valeur morale des films
En 1936, l’encyclique Vigilanti Cura décrète que le cinéma n’est pas mauvais en soi, mais qu’il est un outil dont on peut tirer autant de bien que de mal. Comment distinguer les bons des mauvais films ? Le pape recommande de créer dans les diocèses des bureaux d’évaluation qui vont ensuite diffuser les jugements établis. Les porte-étendard de l’Église du Québec, Le Devoir à Montréal et L’Action catholique à Québec publient des cotes morales dès 1937. Le système se raffine en janvier 1948 quand L’Action catholique du diocèse de Montréal diffuse un bulletin hebdomadaire, Ciné-service, instaurant les fameuses cotes « Tous », « Adultes et adolescents », « Adultes », « Adultes avec
réserves », « À déconseiller », « À proscrire », qui vont sévir pendant une vingtaine d’années et seront adoptées par tous les diocèses.
« Si vous ne pouvez les battre… »
Ceux qu’on ne peut éliminer, mieux vaut les joindre, dit l’adage. Le pape incite aussi les fidèles à créer une industrie catholique de production. Une incitation reçue comme un encouragement considérable par les religieux artisans. Même des religieuses se mettent à réaliser des films « prières » dans l’espoir de susciter des vocations. Sous l’égide de la Jeunesse étudiante catholique, les projections dans les collèges et les universités suscitent bientôt la création des ciné-clubs, lieux d’échanges qui servent de pépinières pour la formation des cinéphiles et de beaucoup de cinéastes.
Après la Seconde Guerre mondiale, les promoteurs du cinéma de fiction pour les salles commerciales cherchent l’appui du clergé. J.A. DeSève élabore un vaste programme de films « d’inspiration catholique » capables de rejoindre tous les publics. Son associé dans Renaissance Films Distribution, l’abbé Aloysius Vachet apporte l’expérience acquise avec son studio, Fiat Films, en France. Vachet se fait propagandiste de la « bonne nouvelle » dans Le Devoir, à Radio-Canada et même lors de prédications à la messe du dimanche dans des dizaines de paroisses.
Au tournant des années 1950, l’influence cléricale décline rapidement et c’en sera fini de la toute-puissance de l’Église.