J.A. DeSève (1896-1968)
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L’équipe de Fiat Film avec au centre de la première rangée Joseph-Alexandre DeSève et l’abbé Aloysius Vachet.
Source : Cinémathèque québécoise, 2001.1001.PH
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J.A. DeSève accompagné de Paul L’Anglais, à gauche. Entre eux, Roland Giguère.
Source : Cinémathèque québécoise, 1998.2157.PH.6285
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Portrait photographique de Joseph-Alexandre DeSève.
Source : Collection Yves Lever
La bosse des affaires
J.A. DeSève naît à Saint-Henri, quartier ouvrier de Montréal, dans une famille bourgeoise. Mais son père, comptable, décède alors qu’il n’a que onze ans, laissant une veuve et onze enfants. Il doit quitter l’école dès l’âge de treize ans et il effectue alors divers petits boulots d’adolescent (livreur, vendeur de journaux sur les trains, etc.).
Débrouillard, très curieux et travailleur acharné, il entre à 16 ans comme commis dans une banque et apprend les rouages du système financier. Il suit des cours de gestion par correspondance. Dans la jeune vingtaine, il devient clerc de notaire et perfectionne son apprentissage du monde des affaires. Malgré divers revers causés par la crise économique de 1929, il réussit à créer des compagnies qui lui permettent d’amorcer une carrière d’homme d’affaires.
Devenir maître de France-Film
Dès 1929, il perçoit que le cinéma parlant va ouvrir une brèche où des entrepreneurs canadiens-français pourront pallier ce qu’Hollywood ne saurait offrir : du cinéma en français. Occupé à d’autres affaires, il assiste de loin à la création de la compagnie France-Film en 1930. Au début de 1933, DeSève ravit le Théâtre St-Denis à Jos Cardinal et s’empare de la compagnie de distribution d’Édouard Garand, qu’il renomme Franco-Canada Films. Il manipule si bien qu’en septembre 1934, il peut fusionner sa compagnie avec France-Film, dont il devient le directeur général. DeSève sera dès lors le distributeur presque exclusif du cinéma français au Québec. Après un bref épisode, entre 1945 et 1948, où il est écarté de France-Film, il en devient le propriétaire.
Vers la convergence
Dès son entrée dans l’industrie du cinéma, DeSève rêve de ce qu’on appelle maintenant la « convergence ». À la manière des grands studios américains, il commence par intégrer verticalement son entreprise. Déjà impliqué dans l’exploitation de salles et la distribution, DeSève se lance au milieu des années 1940 dans la production. France-Film distribue et présente dans ses salles les films produits par les diverses compagnies qu’il contrôle ou finance : Renaissance Films (Le gros Bill, Les lumières de ma ville), Alliance cinématographique canadienne (La petite Aurore l’enfant martyre) et Les productions Gratien Gélinas (Tit-Coq). France-Film distribue de plus les films de Québec Productions, la compagnie de Paul L’Anglais, ce qui fait de DeSève le distributeur exclusif de la production canadienne-française du tournant des années 1950. Le succès remporté par ces films à travers le Québec rapporte une fortune à J.A. DeSève.
Et pour compléter : la télévision
Dès 1947, alors qu’on prévoit l’arrivée de la télévision, DeSève fait acheter par France-Film les droits télévisuels du cinéma français. Il deviendra ainsi le fournisseur presque exclusif de la Société Radio-Canada dès son entrée en ondes. DeSève crée par ailleurs diverses compagnies de production télévisuelle. Tout marche rondement et avec la fortune accumulée, il fonde en 1961 Télé-Métropole (aujourd’hui TVA), entreprise rentable dès sa première année.
À son décès, la plus grande partie de sa fortune sert à créer la Fondation J.A. DeSève. La rue où est situé TVA porte son nom dès 1969.