Service de ciné-photographie

Un fonctionnaire entreprenant et une cinémathèque dynamique
Dès 1920, au gouvernement du Québec, le ministère de l’Agriculture et le Service provincial d’hygiène (aujourd’hui ministère de la Santé) utilisent des films à des fins éducatives. Joseph Morin en est l’instigateur.

Bientôt, avec la montée en popularité du
16 mm dans les années 1930, l’Office du tourisme et le Département de l’instruction publique (aujourd’hui, ministère de l’Éducation) se mettent de la partie et diffusent des bandes qu’ils réalisent ou qu’ils acquièrent de diverses sources.

Le 5 juin 1941, au moment où Adélard Godbout, un agronome devenu politicien, est élu premier ministre sous l’égide du parti libéral, l’État québécois crée le Service de ciné-photographie pour centraliser toute la production gouvernementale et pour agir comme distributeur unique de ce que produisent ou acquièrent les différents ministères. Il relève du Conseil exécutif, donc directement du premier ministre. Maurice Proulx, ami de Godbout, participe à la création de cette institution et contribue à en déterminer les orientations.

En une dizaine d’années, cette « cinémathèque » offre à ses usagers près de 2 000 documentaires. Beaucoup proviennent de grandes institutions comme l’Encyclopedia Britannica Films et le U.S. Office of Education (en copie française surtout), de producteurs réputés comme Louis de Rochemont et Crawley Films, d’organismes comme la Croix rouge et la Société du cancer. D’autres sont achetés à des prêtres artisans comme l’abbé Albert Tessier et le père Louis-Roger Lafleur, qui réalisent des films à valeur ethnographique et représentatifs des valeurs de l’époque. Le succès de l’organisme est tel que les copies prêtées totalisent annuellement environ 70 000 visionnements à la fin des années 1940.

Un ONF québécois ?
Le Service produit peu de films, mais il en commande à divers artisans comme Jean Arsin, Fernand Guertin, Omer Parent, l’abbé Maurice Proulx. L’objectif visé est parfois touristique, un brin nationaliste, en vue de mieux faire connaître le Québec aux Québécois, en parallèle avec l’orientation de son homologue fédéral. Mais il est surtout d’éducation populaire sur la santé, les méthodes de culture, la connaissance de la nature, les métiers, les beaux-arts, etc. En cela, il rejoint les objectifs éducatifs de l’Office national du film. Il n’en a toutefois pas les moyens, ni le savoir-faire.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Service distribue des films de l’ONF et contribue ainsi à l’information du public au sujet du conflit. Cette collaboration est cependant de courte durée. En 1947, le premier ministre Maurice Duplessis ordonne au Service de cesser la distribution des films de l’ONF, auxquels il attribue des tendances « communistes ».

En 1961, le Service de ciné-photographie prendra le nom d’Office du film du Québec et sera transféré au ministère du Secrétariat de la province. Il ne sera plus inféodé au pouvoir politique. Il pourra recommencer à diffuser des films de l’ONF.